Je vais ici tenter de vous monter le rythme lent de mon métier.
La matière utilisée est le grès, tous les grès, de toute couleur (blanc, noir, rouge etc.), de tout aspect (rugueux, rayé, lisse etc,...)

1ère étape : préparation de l’argile à grès.

Le pétrissage et le malaxage sont une étape importante afin de préparer au tournage. La terre doit être exempte de bulles d’air et avoir une souplesse homogène. Cette opération basique est vraiment déterminante pour assurer un excellent tournage.

2ème étape : Modelage et façonnage.

Il m’arrive d’utiliser des plaques d’argile que j’ai aplaties au simple rouleau à pâtisserie afin de réaliser des N° pour les maisons, des cadrans solaires ou des objets qui ne sont pas ronds.
Mais la majeure partie du temps c’est au tour de potier que je réalise ma production. C’est toujours « magique » le tour, mais c’est un défi permanent. Le tour à un gros pouvoir d’attraction. Je vous avouerai que lorsque je ne tourne pas pendant quelques jours cela me manque réellement.
- Fixation et centrage de la motte de terre sur la girelle. Cela peut être très physique en fonction du poids de terre.
- Mise en forme de la pièce par montée progressive de la terre.
- Pose des anses et des décors. Sans trop attendre que l’argile ne sèche et après avoir scarifié avec des aiguilles les parties à assembler, je vais utiliser de la barbotine pour faire office de colle.
- Quelques heures voire quelques jours plus tard, la pièce a séché : elle a « l’aspect du cuir ». Elle est manipulable et l’on passe à l’étape de finition, appelé « tournassage » : enlever l’excès de terre de chaque pièce (notamment les bols) et la revisiter dans son ensemble pour lui donner l’esthétique souhaitée.

3ème étape : la cuisson et l’émaillage

Je dois préalablement attendre que les pièces soient parfaitement sèches (plusieurs jours ou plusieurs semaines suivant la saison). Le séchage est vraiment l’un des aspects techniques. La moindre trace d’eau à cœur dans la pièce peut être fatale, car à 100° l’eau va se transformer en vapeur et faire exploser ou fendre la pièce.

Le biscuit, « petit feu » ou encore « dégourdi »
900 à 950° : Le biscuitage transforme l’argile en céramique poreuse.
Temps de montée en température : 9 heures.
Réouverture du four autour de 200°, 24 heures plus tard.

Emaillage
Cette opération est assez délicate et peut prendre plusieurs heures.
Les émaux sont de ma fabrication, après une courte auto-formation en chimie. L’émail ressemble un peu à de la crème fleurette, mais en moins comestible.
L’émaillage se pratique en fonction de la forme des pièces :
- à la louche en versant l’émail sur le biscuit.
- par trempage en immergeant la pièce dans le seau d’émail.
- au pistolet à peinture : cette opération consiste par un geste précis à bruiner l’émail sur la pièce qui tourne dans la cabine d’émaillage. C’est une opération très longue si l’on veut obtenir un rendu parfait.

Le « grand feu »
1250 à 1280° : c’est la cuisson finale de l’émail. Cette cuisson porte la poterie à la température à laquelle la surface d’émail pulvérulent fond pour former une couche d’émail brillant (ou mât) imperméable.
Pour les pièces uniques, si le rendu n‘est pas satisfaisant, on sera amené à les recuire 2 à 3 fois les à ces températures.
Temps de montée en température : 9 à 12 heures
Réouverture du four autour de 40 à 50° le sur lendemain seulement.
C’est toujours une découverte, l’ouverture d’un four « grand feu ». Beaucoup de déception parfois, d’où une discipline rigide et humble.